Le smartphone, futur support de la généralisation de la télémédecine ?

Depuis deux ans, Maincare Solutions a déployé avec le Groupement de Coopération Sanitaire Emosist sa solution de mobilité sur la plateforme de télémédecine
Covalia installée en région Franche-Comté depuis 2009. Vincent Bonnans, directeur de Projet Imagerie & Télémédecine au sein du GCS revient avec TIH sur cette nouvelle approche.

Expériences clients

Une solution à maturité

Comment généraliser à un coût acceptable les services de télémédecine sur un territoire, sans créer une e-santé à deux vitesses, tout en permettant une facturation encadrée des actes d’expertises ? C’est à cette question que devait répondre l’expérimentation menée depuis 2011 par la région Franche-Comté, passée depuis novembre dernier en phase de généralisation de la télémédecine sur décision d’Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé.

Partant du constat que plus de 2/3 de la population est équipée d’un smartphone (source Crédoc) et que plus de 80 % des professionnels de santé, en ville notamment, possèdent un smartphone et l'utilisent quotidiennement dans leur activité (données CNOM (Conseil National de l’Ordre des Médecins) 2016), Vincent Bonnans et Maincare Solutions proposent de capitaliser sur ce déploiement massif de smartphones pour généraliser la télémédecine. « Nous avons commencé à déployer l’offre pour smartphone de Maincare Solutions il y a deux ans. Aujourd’hui, son état de matu rité permet d'envisager un déploiement rapide et généralisé en médecine de ville », confie Vincent Bonnans.

Une rupture technologique et organisationnelle.

La nouvelle approche présente de nombreux avantages dont un coût de déploiement peu élevé en termes d’équipement et un mode de diffusion rapide du logiciel de télémédecine Emosist Mobility disponible sur les stores. « La mobilité et les smartphones peuvent devenir les outils de la généralisation de la télémédecine. C’est en soi une vraie rupture technologique et organisationnelle ». La mobilité est très bien adaptée à des spécialités comme la dermatologie ou la cardiologie, où la téléexpertise consiste à envoyer une photo ou un électrocardiogramme par messagerie sécurisée à un spécialiste. Ce système pourrait également servir lors de téléconsultation.

Ce jour, Maincare Solutions travaille avec Emosist pour rendre l’opération plus confortable. La facturation est un autre élément fondamental du déploiement et de la généralisation. En effet, comment transmettre aux professionnels experts les éléments qui lui permettent de facturer l’acte à l'assurance maladie ? La société française Sylyca a mis au point un lecteur agréé Sesam Vitale Bluetooth, qui permet de lire les cartes vitales et les cartes CPS, et qui est compatible avec les logiciels de télémédecine Covalia Mobile (IDO’in). « Il suffit au praticien expert de mettre la carte vitale dans le lecteur pour récupérer toutes les informations du patient sur le téléphone. En termes d'identito-vigilance, l’outil, par ailleurs très ergonomique, répond parfaitement aux besoins des professionnels de terrain ».

Plus de demandeurs que d’experts

Le dispositif a été validé sur le terrain en 2017 avec l’aide de la CPAM du Doubs. En pratique, un généraliste peut effectuer une demande à un expert en moins de deux minutes et recevoir sa réponse directement dans son logiciel de gestion de cabinet par messagerie sécurisé. Le GCS prépare aussi le déploiement avec un groupe de cardiologues privés Cardioptim de Besançon. Grâce à l’application, ils pourront recevoir des tracés ECG d'excellente qualité et élargir leurs services.

Reste un dernier frein, tout aussi réel : amener les experts à offrir ces nouveaux services, car si le nombre de demandeurs est important, la mobilisation des experts est plus difficile. « Il y a un aspect organisationnel à prendre en compte, que nous comptons roder sur le terrain ». Néanmoins, Vincent Bonnans est optimiste : « Beaucoup de dermatologues reçoivent tous les jours des demandes d’avis de leurs confères généralistes par SMS, MMS ou encore par mail avec des photographies prises avec leur smartphone, ce qui signifie que ces usages existent déjà. L’application permet à la fois de valoriser ces actes et de les intégrer dans les règles du décret d’octobre 2010 ».

La première étape lancée en 2018

Une première étape de généralisation du déploiement en dermatologie et en cardiologie a déjà démarré cette année dans le cadre de l’appel à projets de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté portant sur la généralisation de la télémédecine dans les sites de premiers recours et dans une vingtaine de Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP) sur les départements du Doubs, de la Haute-Saône, du Jura et du Territoire de Belfort impliquant plus de 150 généralistes. Dans ce projet, 16 sites de télé-expertises sont concernés, dont
la moitié en libéral. À noter que le GCS Emosist et le GCS e-santé Bourgogne Franche-Comté vont fusionner pour se transformer en Groupement Régional d'Appui au Développement de la e-santé (GRADes).