La stratégie de Maincare Solutions pour rester leader sur l'informatisation des GHT

L'éditeur Maincare Solutions compte sur sa "présence stratégique" dans plus de la moitié des groupements hospitaliers de territoire (GHT) et sur son offre de "plateforme complète de prise en charge et de suivi des patients" aux niveaux régional et inter-établissements pour résister à la concentration du marché de l'informatique hospitalière, a expliqué à TICsanté son président, Christophe Boutin.

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La mutualisation de la fonction informatique au sein des 135 GHT créés en 2016 présage une dynamique de concentration de l'offre en logiciels de systèmes d'information hospitaliers (SIH), actuellement caractérisée en France par la grande diversité des éditeurs existants (voir dépêche du 4 avril 2016).

Dans ce contexte, Christophe Boutin a dit n'avoir "aucune inquiétude" pour l'avenir de Maincare Solutions, qui dispose d'un carnet de commande en "très bon état".

L'éditeur a enregistré l'année passée une croissance de 10% de son chiffre d'affaires, à hauteur de 69 millions d'euros selon les chiffres consolidés à fin mars 2018, alors que le marché "est supposé être gelé" du fait de la mise en place des GHT, a rappelé son président.

Une "quarantaine" d'établissements supports de GHT utilisent actuellement le dossier patient informatisé (DPI) M-Crossway* de Maincare, a-t-il indiqué. Si l'on y ajoute les GHT qui ont adopté les outils de gestion administrative fournis par l'éditeur ou sa plateforme d'échange et de partage d'informations Idéo*, Maincare a une "présence forte" dans 53% des groupements hospitaliers, a-t-il poursuivi.

Depuis plus de 18 mois, Maincare s'est notamment concentré sur l'évolution de M-Crossway* et sur sa convergence avec la plateforme Idéo*, issue de l'acquisition du groupe IDO-in en 2016 (voir dépêche du 9 février 2016) pour bâtir un "DPI territorial 3.0" appelé Maincare IC (Idéo-Crossway)*.

Il s'agit d'aller "plus loin" qu'un DPI classique, en proposant une "plateforme complète de prise en charge" intégrant les fonctionnalités d'un DPI, mais aussi des outils de prise de rendez-vous et de préadmission en ligne, de interfaces de gestion des parcours et des actes de télémédecine, ainsi que des composantes relatives au programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI), a expliqué Christophe Boutin.

"On démarre un nouveau cycle d'informatisation, à la fois côté hospitalier avec les GHT, et dans les régions avec l'émergence de services numériques d'appui à la coordination des soins", a-t-il observé, faisant référence aux plateformes développées dans le cadre du programme Territoire de soins numérique (TSN, voir dépêche du 23 avril 2018) et aux appels à projets diffusés dans le cadre du programme "e-parcours" (voir dépêche du 17 mars 2017).

Dynamique forte sur l'échange et le partage d'informations

Pour Christophe Boutin, les enjeux de l'informatisation de la santé reposent sur "trois grandes thématiques" où son entreprise entend apporter des réponses: l'échange et le partage d'information entre plusieurs acteurs de santé, la transformation des SIH et leur convergence dans les GHT, et la gestion des parcours et de la télémédecine.

Du côté des hôpitaux et des GHT, le président de Maincare a vu "assez peu de projets à court terme sur le déploiement de 'grands' DPI", mais "énormément" de projets d'échange et de partage d'information inter-établissement.

Cela tient au fait, selon lui, que la première étape des chantiers informatiques dans les GHT, avant l'adoption d'outils communs, va consister à "reprendre contact" avec les autres établissements du territoire, la médecine de ville, les patients et les partenaires de santé locaux, et à partager une même urbanisation des systèmes d'information.

Maincare compte ici tirer profit de la plateforme Idéo* et des travaux déjà réalisés en matière de gestion des parcours, d'alignement des identités, de mise en place de portails régionaux et de stockage d'informations à l'échelle territoriale, menés pour le programme TSN en Océan Indien (voir dépêche du 28 décembre 2017). "Nous sommes le seul acteur historique à être massivement présent à la fois sur le secteur hospitalier, et sur cet étage régional", a relevé Christophe Boutin.

Il a également mis en avant les "nombreux succès" de l'offre de Maincare en télémédecine, avec le déploiement de la plateforme régionale Qimed en Pays de la Loire (voir dépêche du 13 janvier 2016) et les appels d'offre remportés début 2018 dans les régions Grand Est et Hauts-de-France pour l'utilisation de sa suite logicielle Covalia* (voir brève du 12 avril 2018).

Stratégie internationale et potentielles acquisitions

En parallèle à la "modernisation" du DPI M-Crossway* et au lancement de Maincare IC*, l'éditeur a construit une offre logicielle "clairement positionnée pour l'international".

Il a annoncé à la mi-avril avoir remporté, au terme d'un dialogue compétitif de 18 mois, un marché de huit ans portant sur le déploiement d'un système de production de soins commun entre les deux principaux établissements de santé luxembourgeois, le CH Emile-Mayrisch (CHEM) et le CH de Luxembourg (CHL).

Egalement actif en Belgique et en Suisse, Maincare est "en train d'étudier" comment étendre sa présence à l'international. "Cela se fera, s'il le faut, par acquisition locale dans certains pays", a précisé son président, tout en soulignant qu'"agréger un ensemble de start-up et de PME ne fait pas une stratégie".

Il a rappelé que les trois acquisitions réalisées par Maincare ces dernières années (IDO-in, Copilot et Amedim) ont été accompagnées de programmes technologiques de convergence des technologies acquises. "On continuera à faire des acquisitions, mais on ne fait pas d'opportunisme", a-t-il ajouté.

Maincare Solutions souhaite aussi "se projeter sur d'autres secteurs" comme celui des assureurs et financeurs du système de santé, a complété Christophe Boutin.

Un premier pas en ce sens a été franchi en janvier dernier, avec le choix de la plateforme Idéo* par le groupe MGEN afin de généraliser son programme de gestion du risque cardiovasculaire Vivoptim* (voir dépêche du 10 novembre 2015).

Article rédigé par TICsante